BRIC-CONJONCTURE. L’OCDE prévoit des croissances moins élevées pour les pays du Bric
Dans ses nouvelles perspectives économiques qu’elle vient de publier, l’OCDE prévoit un ralentissement des croissances des pays du Bric (Brésil, Russie, Inde, Chine). Voici les prévisions de l’organisme international.
Brésil. Le PIB a progressé de 5.4 % en 2007, le rythme le plus rapide enregistré depuis 2004, mais cette progression devrait redevenir plus modeste au cours de la période de prévisions. La consommation des ménages est restée le principal moteur de cette évolution, confortée par l’amélioration des conditions sur le marché du travail et la création de crédit, toujours forte. Les investissements sont repartis fermement à la hausse, contribuant ainsi à alléger les contraintes de capacité en train de se faire jour. Les exportations se portent bien, en dépit de la vigueur du réal. L’excédent commercial se contracte rapidement, principalement à cause de l’augmentation des importations, en particulier de biens d’équipement et de consommations intermédiaires. Le renchérissement de l’énergie et des produits alimentaires a stimulé l’inflation, laquelle a dépassé son objectif médian fixé à 4.5 %. Le dosage de l’action publique s’oriente vers la restriction monétaire requise. Le taux d’intérêt directeur a été relevé en avril et un nouveau resserrement devrait intervenir dans l’année. La politique budgétaire reste sur les rails, et l’excédent primaire consolidé a été légèrement supérieur à son objectif de la fin 2007. Le respect renouvelé des objectifs budgétaires s’inscrit dans le droit fil de la poursuite de la réduction de la dette publique en 2008-09, mais un supplément d’austérité budgétaire anticyclique serait le bienvenu.
Indicateurs macroéconomiques
Croissance du PIB réel 2008 : 4.8% ; 2009 : 4.5%
Inflation 2008 : 4.9% ; 2009 : 4.5%
Chine. La croissance économique a ralenti légèrement, s’établissant à 10.6 % sur douze mois au premier trimestre de 2008. Elle devrait encore s’émousser d’ici la fin de l’année 2008 et en 2009, sous l’influence du recul de la contribution des exportations nettes, et l’excédent de la balance courante va sans doute retomber à 9,5% du PIB d’ici 2009. La progression de la demande intérieure devrait rester ferme à l’horizon considéré, le dynamisme des revenus alimentant la consommation. L’inflation a augmenté fortement, sous l’effet de l’explosion des prix des produits alimentaires, mais devrait s’atténuer un peu pour autant que les prix des produits alimentaires se stabilisent, compensant ainsi l’augmentation persistante des prix des produits non agricoles. Dans un contexte marqué par un écart de production positif et par la contagion de l’inflation qui s’étend au-delà des produits alimentaires, il faut que les politiques macroéconomiques continuent à œuvrer pour réduire les risques de surchauffe. Les taux d’intérêt chinois sont déjà supérieurs aux taux américains et toute nouvelle hausse amplifierait le problème de la stérilisation des entrées de capitaux. Certes, une réévaluation progressive de la monnaie donnerait une plus grande marge de manœuvre pour relever les taux d’intérêt et contribuerait à modérer l’inflation, mais elle entrerait en conflit avec le souhait des autorités de limiter l’appréciation de leur monnaie et elle exposerait certains secteurs de l’économie à des pressions en faveur d’un ajustement. Le solde budgétaire est sain et les pouvoirs publics sont bien placés pour augmenter les dépenses sociales et les investissements en infrastructures, ainsi que pour soutenir la croissance intérieure si l’économie mondiale devait ralentir plus fortement que prévu.
Indicateurs macroéconomiques
Croissance du PIB réel 2008 : 10% ; 2009 : 9.5%
Inflation 2008 : 6,4% ; 2009 : 5,6%
Inde. Au cours de l’exercice budgétaire 2006, l’économie a connu une expansion rapide de 9.4 %. Cette forte croissance a été alimentée par les bonnes performances du secteur agricole et la solidité persistante de la production industrielle. Au premier semestre de l’exercice 2007, la vigueur des investissements a permis d’améliorer le potentiel d’offre de l’économie. Sous l’effet de taux d’intérêts et de change plus élevés, la croissance de la production devrait se ralentir progressivement, pour atteindre 8.4 % d’ici 2009. Le déficit courant devrait se creuser et passer de 1.1 % (exercice 2006) à 2.0 % du PIB d’ici 2009. Grâce à la modération des hausses des prix alimentaires, l’inflation mesurée par l’indice des prix du PIB devrait s’atténuer quelque peu au cours de la période de projection. Il faudra, pour obtenir une croissance économique solide et durable, mener un nombre substantiel de réformes économiques. Les déficits budgétaires devront être encore réduits afin de faire place aux investissements des entreprises privées. Il conviendrait de modérer davantage les tarifs douaniers et de prendre des mesures visant à réduire la charge administrative imposée aux entreprises. Il faudrait simultanément assouplir les mesures restrictives applicables au marché du travail, de manière à inciter les entreprises à employer leur personnel sur le long terme, ce qui contribuera à réduire la pauvreté. Une plus grande efficience des services publics est également nécessaire pour rehausser la qualité de l’éducation et des infrastructures.
Indicateurs macroéconomiques
Croissance du PIB réel 2008 : 8,6% ; 2009 : 8,4%
Inflation 2008 : 5,8% ; 2009 : 5%
Russie. En 2007, la croissance du PIB devrait s’accélérer en termes réels, puis se modérer sur la période de projection avec la stabilisation des cours du pétrole et des métaux à leurs niveaux élevés actuels. La demande intérieure restera forte, mais les taux de croissance exceptionnels de l’investissement du premier semestre ne seront pas maintenus. Alimentée par une forte hausse de la masse monétaire et les tensions apparues sur le marché du travail, la hausse des prix devrait atteindre en fin d’année une progression à deux chiffres et, en tout état de cause, dépasser largement l’objectif de la banque centrale fixé à 8 %. Le relâchement budgétaire nourrit les pressions inflationnistes et le solde budgétaire hors pétrole devrait lourdement s’aggraver cette année. Si les autorités ont eu recours à des mesures administratives artificielles pour limiter les hausses des prix de détail, juguler l’inflation supposerait d’abord d’opérer un net resserrement de la politique budgétaire. Le renforcement de la réglementation des marchés des biens en faveur d’une concurrence accrue pourrait aussi y contribuer, mais de ce point de vue, la tendance toujours plus forte de l'État à intervenir en matière de politique industrielle est un sujet de préoccupation.
Indicateurs macroéconomiques
Croissance du PIB réel 2008 : 6,5% ; 2009 : 6%
Inflation 2008 : 9,5% ; 2009 : 8,5%
Alexis Levé
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