Après la Chine en novembre 2006, voilà que l’Inde vient d’organiser sa grande messe africaine. Après le «Sommet de Beijing», le «Sommet de New Delhi». Après la «Chinafrique», l’«Indafrique». Le grand avantage de l’Inde et de la Chine dans leur danse de séduction envers l’Afrique, c’est de n’avoir pas été des Etats coloniaux. Et les deux géants asiatiques n’ont pas envie de donner des cours de démocratie aux dictateurs en place dans certains pays africains. C’est donc avec une bienveillance –bien évidemment intéressée- que les Africains observent ce drôle de pas de deux et ont rendu visite à la Chine et à l’Inde au cours des deux sommets fortement médiatisés que les deux puissances émergentes d’Asie ont organisé. Et les deux pays ont proposé moult partenariats avec l’Afrique pour se procurer les matières premières dont ils vont avoir besoin dans les années qui viennent pour nourrir leurs croissances respectives mais aussi pour s’ouvrir de nouveaux marchés à leurs produits et à leurs services tout en proposant des conditions favorables pour les exportations africaines, des prêts et des dons. Rappelons que les échanges de l’Afrique avec l’Inde se sont montés à 30 milliards de dollars en 2007 contre 56 milliards de dollars pour le Chine.
Courtisée, l’Afrique est prête à se vendre au plus offrant et, pourquoi pas, aux deux plus offrants. C’est ainsi que le sommet de New Delhi a accueilli pendant deux jours 450 hommes d’affaires africains ainsi que 35 ministres venus de 33 pays d’Afrique. Le bilan n’est pas sans intérêt puisque des contrats dans les secteurs de la santé et des technologies de l’information, entre autres, ont été signé pour près de 10 milliards de dollars. Reste que le sommet avec la Chine avait été d’un faste bien plus grand (48 pays représentés, 24 chefs d’Etat présents) et ponctué de promesses économiques plus importantes. La Chine possède pour l’instant une longueur d’avance sur l’Inde, laquelle est bien décidée à la rattraper en s’en donnant les moyens. Ainsi, le Premier ministre indien a promis des transferts de technologies et des partenariats économiques, par exemple. Néanmoins, il sera difficile à l’Inde de s’aligner sur la Chine dont la puissance financière et les capacités techniques sont bien plus étendues que celle de l’Inde.
Une inconnue demeure néanmoins: l’Afrique bénéficiera-t-elle vraiment de ces attentions non-désintéressées pour sortir de son marasme économique endémique ou cela ressemblera-t-il à un pillage en règle des matières premières du continent et de la destruction de son tissu économique par l’importation de produits à bas prix et de services pas chers? Réponse à venir…
Alexandre Vatimbella
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