BRIC-COMMERCE. Le «Sud dynamique», locomotive de la progression des échanges Sud-Sud
Pour la CNUCED, le Chine, le Brésil et l’Inde sont les pays moteurs de la, progression du commerce entre pays du Sud qui devient un élément central de la mondialisation mais aussi de la croissance économique mondiale.
Réunie en ce moment à Accra au Ghana, la douzième CNUCED (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement) a étudié le développement du commerce Sud-Sud et l’impact de celui-ci sur la croissance actuelle et future de l’économie mondiale. Cette «nouvelle géographie du commerce international», selon les termes de l’organisation des Nations Unies serait un des moteurs actuels et futurs du dynamisme économique de la mondialisation. Mais il faut pour cela une vraie libéralisation du commerce entre ces pays par l’adoption de normes identiques et la baisse des droits de douane. Ces normes et ces taxes sont des mesures protectionnistes illégitimes qui continuent à être un frein à ce développement. «Nous ne pouvons pas continuer à travailler avec différentes réglementations techniques, normes sanitaires et phytosanitaires, et autres mesures de contrôle des prix», a ainsi expliqué le Secrétaire général de la CNUCED, Supachai Panitchpakdi. Il a affirmé, qu’en 2006, environ 71% des droits de douanes perçus sur des exportations en provenance des pays en développement l’avaient été par d’autres pays en développement.
Grâce à des pays comme la Chine, le Brésil et l’Inde, le «Sud dynamique» a été la locomotive de la progression des échanges Sud-Sud. Les chiffres de la «nouvelle géographie du commerce international» parlent d’eux-mêmes: le commerce Sud-Sud est passé de 577 milliards de dollars en 1995 à plus de 2.000 milliards en 2006. La même année, les échanges Sud-Sud représentaient 17% du commerce mondial et 46% du commerce total des marchandises des pays en développement. L’Afrique est sans contexte le continent qui a enregistré la plus forte augmentation de ses exportations vers les autres pays du Sud, celles-ci ayant triplé entre 1995 et 2005.
Dans le domaine des services, les exportations Sud-Sud représentent désormais plus de 10% des exportations mondiales des services alors que les sorties d’investissements étrangers directs (IED) en provenance des pays en développement et des pays à économie de transition sont passées de 65 milliards de dollars dans les années 90 à 193 milliards en 2006, représentant 16% du total mondial.
Dans ce contexte dynamique, Le commerce Sud-Sud représente désormais 50% des échanges totaux de l’Inde. Pour l’économiste indien E.R. Khullar, le «nouveau Sud» est un Sud plus fort, qui ne peut être ignoré ni sur le plan politique ni sur le plan économique. Pour autant, le nouveau Sud n’est pas un bloc monolithique a-t-il tempéré. Le défi à relever, selon lui, est dans la multiplication des accords commerciaux préférentiels pour accélérer l’intégration des pays qui sont à la traîne. Par exemple l’Inde a signé un accord pour l’accès des produits des pays les moins avancés (PMA) à son marché les exonérant de toute franchise douanière et de tout quota.
Par ailleurs, l’Inde, toujours selon l’économiste souhaite une totale intégration économique régionale et veut passer avec ses voisins du sous-continent d’Asie du Sud un accord de libre-échange. Elle négocie également un tel accord avec l’Association des nations d’Asie du Sud-est (ANASE). De même, elle veut obtenir du Brésil et de l’Afrique un accord permettant de mettre en place une intégration plus large entre régions du Sud.
Alexandre Vatimbella & Louis-Jean de Hesselin